TIM RAY BROWN
SPITUALITY
TIM RAY BROWN, LE LATE BLOOMER DU REGGAE
Lorsqu’un artiste sort son premier album, le qualifier de débutant fait figure d’évidence.
Tim Ray Brown est l’exception. Le reggae, en France, lui doit beaucoup, en studio comme sur scène. D’abord parce qu’il a toujours été au service de cette musique qui coule dans ses veines. Et parce qu’il lui a donné un son, qui fait référence déjà depuis longtemps dans ce milieu. Se retourner, dans un concert, et apercevoir son imposante silhouette se balancer à la console ; prendre le livret d’un album et deviner qu’on va y lire son nom, Timour Cardenas, que ce soit pour l’enregistrement, le mixage, la réalisation... Il pourrait être le cousin reggae du Canadien Daniel Lanois, version dreadlocks !
« Je n’ai jamais mis de limite entre la technique et l’artistique, donc je me sentais déjà artiste durant toutes ces années », explique celui qui était déjà derrière Tonton David à l’époque où celui-ci enchainait les succès.
Déjà, à 13 ans, il mettait sa voix sur des cassettes, dans l’esprit jamaïcain, se nourrissant du son du toaster Tappa Zukie qu’il écoutait en boucle.
Il débarque une année plus tard à New York. Le bac américain en poche, il s’oriente vers ce qui l’attire irrésistiblement. La démocratisation numérique vient de démarrer, avec Atari et son système Midi. Le hip hop en tire profit pour exploser. Tim lie connaissance avec Tyrone Downie et un autre Wailers, Al Anderson.
Ses études d’ingénieur du son achevées, il refuse la proposition du patron de Firehouse Records à Brooklyn, où défilent pourtant les stars du Hip-Hop US comme RZA ou MC Lyte.
Il tournera dix ans avec la star malienne Salif Keita, sept ans avec son alter ego congolais Papa Wemba, Alpha Blondy, produira l’album reggae du Sénégalais Youssou N’Dour « Dakar kingston »...
Fondateur du label Diaspora Rockers, Timray aime rappeler que « du petit gars assis dans un village du Mali avec un ngoni au Jamaïcain Burning Spear en passant par Coltrane, toutes ces musiques sont reliées ».
L’album a toujours été en ligne de mire, même s’il confesse en souriant avoir pris « un peu de retard, parce qu’au lieu de chanter depuis trente ans, j’étais en train de mixer, d’enregistrer, de partir en tournée ». La musique que fait aujourd’hui Tim Ray Brown, les paroles qu’il chante ont en elles tout ce parcours hors normes. Garder l’essence. C’est bien ce à quoi est parvenu TimRay Brown avec l'album Traditions : un concentré de reggae.
La chanson Spirituality a servi de « blueprint » pour élaborer le reste de l’album. Sur les 9 titres de Traditions, l’idée est de mettre en évidence le reggae roots tel qu’il a résonné en Jamaïque, avec des musiciens qui font partie des légendes locales (le guitariste Earl China Smith, le percussionniste Bongo Herman, le bassiste Flabba Holt...) mais aussi quelques-uns des maîtres du dub (Scientist, mad prof,goldwin luggy...).